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Les efforts de la Mauritanie en matière de la disponibilité du personnel de santé

 

Dans tout système de santé, la disponibilité est mise en avant comme premier critère d’évaluation. Elle détermine la capacité opérationnelle des services essentiels de santé des structures publiques et privée du pays : centres hospitaliers (CH), centres de santé (CS) et postes de santé (PS).

 

Une femme reçoit sa deuxième dose de vaccin contre la COVID-19 au centre de vaccination de Teyarett, dans la banlieue de Nouakchott, en Mauritanie. @World Bank/Christelle Chapoy

Après avoir fait le diagnostic de la disponibilité, en évaluant la capacité opérationnelle des services de santé à offrir des soins de qualité sur l’ensemble du territoire national, le département de la santé s’attèle, depuis quatre ans, et ce malgré les contraintes imposées par la pandémie du nouveau coronavirus, à la mise en œuvre de la composante santé du Programme Prioritaire Elargi du Président de la République, Mohamed Ould Cheikh Ghazouani et à tendre, le plus possible, vers les besoins normatifs de chaque structure sanitaire.

Articulé autour de 6 axes, dont le deuxième portant sur la mise à niveau des secteurs sociaux et de                   soutien à la demande, le ProPEP aborde, dans son sous axe 2.2, la problématique de l’offre de service de santé jusqu’au premier trimestre de 2023 pour un financement total de plus de 17 milliards d’anciennes ouguiyas.

Ce programme et son financement additionnel élargissent les actions du programme prioritaire N°1 à              d’autres chantiers de réformes du secteur de la santé permettant ainsi l’accélération de l’atteinte de la couverture santé universelle et la régulation et normalisation des secteurs publics et privés de santé.

Si le chemin à parcourir pour atteindre les objectifs prescrits dans la politique de santé d’ici 2030 est encore long, on peut dire cependant que la lutte déjà engagée sur plusieurs fronts (lutte contre l’anarchie existante dans les deux secteurs par manque de normes et procédures clairement définies en cahier de charges dans des textes contraignants, les réformes entreprises pour réguler le secteur du médicament, la mise à niveau des structures sanitaires, etc.) sont un acquis encourageant.

Cette disponibilité a aussi été remarquable, du point de vue mobilisation du personnel de santé, quand il s’est agi de faire face à la menace de la pandémie du nouveau coronavirus (Covid-19). Ainsi, à tous les niveaux, ces personnels ont connu une augmentation sensible, passant de 3 réanimateurs (résidents) à 25, entre février et décembre 2020, de 4 spécialistes impliqués directement dans la riposte à 28, de 25 généralistes à 51, de 11 TSS d’anesthésie à 34, de 30 infirmiers à 160, de 22 garçons de salle à 81 et de 1 hygiéniste à 3.

Autant dire que le ministère de la santé cherche, à travers les financements programmés dans le ProPEP, à accélérer la cadence pour « rattraper le temps perdu ». Car, selon la dernière édition de l’Indice de disponibilité et de capacité opérationnelle des services de santé (SARA, 2018), la Mauritanie n’a pas atteint les objectifs fixés dans le cadre des OMD relatifs  à  la  santé  à l’horizon 2015.

En effet, le ratio de la mortalité maternelle demeure très élevé enregistrant une lente diminution passant de 687 décès pour 100.000 naissances vivantes (NV) en 20018 à 582 décès maternels pour  100.000 naissances plus de dix ans plus  tard  (2013). Toutefois, certains progrès ont été réalisés en  matière de réduction de la mortalité infantile et infanto-juvénile (MIJ) qui demeurent cependant  plus élevés que les niveaux ciblés en 2015 pour les OMD, et qui sont passés, respectivement de 107‰ et 127‰ en 2001 à 77‰ et 122‰ en 2007 puis à 75‰ et 118‰ en 2011 et à 43‰ et 54‰ en 2015.

Concernant la disponibilité moyenne des éléments de confort indispensable, elle est passée de 61% en 2016 à 41% en 2018. Seuls 5% des FOSA (formations sanitaires) disposent de l’ensemble des 7 éléments traceurs, indique l’enquête SERA.

Et cette étude de poursuivre, en diagnostiquant les points sur lesquels la stratégie de santé s’appuyant sur le ProPEP doit se focaliser, indiquant qu’il existe « une disparité dans la disponibilité moyenne des éléments de confort entre les hôpitaux (80%), les centres de santé (65%) et les postes de santé (33%) » et que « plus de 50% des FOSA ne disposent ni de sources d’eau améliorées ni de source d’énergie suffisante. La disponibilité des transports d’urgence reste en-deçà de 50%. »

La disponibilité moyenne en médicaments essentiels était de seulement 19% en 2018. Le médicament « le plus disponible » (Amoxicilline en gélule/comprimé) était à 56% alors que trois autres manquaient dans toutes les structures (Halopéridol en comprimé, Carbamazépine en comprimé, Sulfate de zinc en sirop ou comprimé dispersible).

Les principaux résultats de cette enquête montrent clairement l’ampleur de la tâche qui attendait le gouvernement, à partir de 2019, et justifient l’importance qui a été accordée au secteur de la santé dans le ProPEP du président de la République.

 

La disponibilité en infrastructures et équipements

 

La  disponibilité des ressources humaines  qualifiées a bénéficié de la création de quatre nouvelles écoles de santé publique (Kiffa, Néma, Rosso, Sélibaby), en sus de l’Ecole supérieure de santé de Nouakchott, et d’une faculté de médecine ainsi que d’un programme de contractualisation avec des professionnels de santé qualifiés à différents niveaux de la pyramide sanitaire.

Selon l’enquête SARA, le domaine des infrastructures et équipements se caractérise par un développement notable à tous les niveaux de la pyramide sanitaire. Plus de 900 structures publiques  et privées de santé ont été dénombrées en 2015 sur l’ensemble du territoire national. De  nouvelles  structures spécialisées de référence ont été créées : Centre national de cardiologie (CNC), Centre hospitalier Mère et Enfant (CHME), Institut national d’Hépato-virologie (INHV), Centre national des Spécialités (CHS), Centre National d’Oncologie (CNO) et Centre national des Spécialités de Nouadhibou (CHS NDB). Le dernier bilan du secteur estime que la couverture sanitaire dans un rayon  de 5 km est à 79%, avec une couverture inégalement répartie entre les régions et au niveau des moughataa de la même région. Elle varie ainsi de 51% au Tagant à plus de 99% à Nouakchott.

La disponibilité se décline en : la disponibilité des services de santé dans les établissements à tous les niveaux de soins, la disponibilité en équipements de base, la disponibilité en médicaments et autres produits médicaux, la disponibilité des directives de traitement et des moyens de diagnostics, la capacité opérationnelle des formations sanitaires à offrir des services spécifiques de santé tels que la santé infantile, la santé de la reproduction, la lutte contre le paludisme, la tuberculose et le VIH/Sida.

Un Recensement général de l’ensemble des structures sanitaires publiques et privées enquêtées (1016) avait abouti aux résultats suivants : 58 Hôpitaux (dont 21 publics et 37 Cliniques Privées), 164 Centres de santé  (115 Centres de santé publics et 49 Cabinets médicaux privés offrant les services généraux de santé), 794 postes de santé (732 postes de santé publics et 62 cabinets de soins privés).

Sur le plan des équipements, des efforts importants portant sur les acquisitions et le déploiement pour le renforcement des plateaux techniques des structures de santé ont été réalisées durant les dernières années.

Mais en dépit des progrès accomplis dans le domaine des infrastructures de santé, des implantations d’infrastructures ne répondant pas aux normes persistent, et l’inadéquation entre d’une part les infrastructures et les équipements et d’autre part les ressources humaines et les budgets requis ne garantit pas l’efficience requise pour les investissements entrepris dans le secteur. Par le passé, la non-implication du Département dans la maitrise d’ouvrage en matière de construction des structures sanitaires explique la mauvaise qualité des ouvrages construits. Certaines agences et ONGs interviennent dans la construction des structures sanitaires sans prendre en compte les critères définis par le département.

Les défis à relever portent sur l’amélioration de la stratégie de développement des infrastructures répondant à des standards de qualité en vue d’une  meilleure accessibilité géographique des populations à des services de qualité, de l’élaboration et la mise en œuvre d’une politique d’équipements et de maintenance dans le secteur de la santé.

 

Wane Dieynaba

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