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Elections 2023 : Nouakchott, la « mère des batailles »

La capitale Nouakchott, avec son million d’habitants, selon les estimations les plus pessimistes, compte parmi les enjeux majeurs du scrutin du 13 mai 2013. Son poids électoral et la symbolique qui l’accompagne égalent, s’ils ne dépassent pas, ceux du Grand Charg (les régions de l’est) et de la Vallée.

 

Avec son statut particulier de trois gouvernorats établis, selon les caprices de l’ancien président Aziz, le district de Nouakchott a été divisé par un décret en date du 25 novembre 2014 en trois  wilayas : Nouakchott-Nord (Dar Naim, Toujounine et Teyarett), Nouakchott-Ouest (Tevragh-Zeina, Ksar et Sebkha) et Nouakchott-Sud (Arfat, El Mina, Riyad).

Présentée en une seule région, malgré ce découpage administratif qui en fait trois wilayas, Nouakchott aura cependant une liste régionale propre de 21 députés qui feront l’objet d’une rude bataille entre les 25 partis engagés dans ces élections législatives qui risquent de bouleverser le paysage politique de la Mauritanie. Chaque wilaya aura sept députés, loin devant les autres grandes agglomérations du pays (Nouadhibou : 4 sièges, Kaédi : 3 sièges, Kobenni : 3 sièges, Kiffa : 3 sièges, M’Bout : 3 sièges).

S’il est évident qu’à Nouakchott, comme dans les cinq autres grandes circonscriptions électorales du pays, aucun parti ne sera en mesure de remporter la mise (la totalité des sièges en jeu), il est tout aussi vrai que la balance penchera toujours du côté du parti au pouvoir, El Insaf, dont la machine électoral tourne déjà à plein régime dans la capitale et à Nouadhibou pour passer largement devant dans des villes où l’opposition a toujours tenu la dragée haute au pouvoir. On se rappelle que lors des dernières élections locales, il fallut organiser trois tours de scrutin pour départager les adversaires à El Mina et à Arafat, un des plus grands bourgs de Nouakchott aux mains, depuis des décennies, de Tawassoul, le plus grand parti de l’opposition.

De toute évidence, le pouvoir en faisait une affaire personnelle pour faire basculer ce bastion des islamistes dans l’escarcelle de son parti. Mais les ministres et hauts cadres du pouvoir parachutés à cette fin dans ces deux circonscriptions mordirent tous la poussière, notamment à Arafat. Pour ces élections de 2023, le parti El Insaf qui a confié la coordination générale de sa campagne à l’ancien ministre des Finances, Moctar Ould Diaye, compte bien arriver à ses fins là où il a toujours été mis en échec par les islamistes.

A Nouakchott, les enjeux seront ceux de la Région qui peut être la seule que l’opposition est en mesure d’arracher au parti au pouvoir, à condition que les islamistes de Tawassoul se maintiennent à Arafat,  leur fief traditionnel, et que les autres partis alliés n’aient pas perdu trop de terrain ailleurs (à El Mina, Riadh, Dar Naim et Sebkha, notamment).

Pour les communes, les enjeux sont de terminer la course en tête, ce qui garantit l’essentiel : la désignation du maire.

C’est sans doute pour tenir ce challenge là que les principales formations politiques du pays ont jeté toutes leurs forces dans la capitale où se déroule « la mère des batailles ». L’entrée dans la course de jeunes loups de la  politique, privilégiant de battre campagne sur les réseaux sociaux et de cibler une jeunesse urbaine avide de changement, peut bien aider l’opposition à limiter les dégâts.

Le 13 mai donc, Nouakchott se réveillera avec un nouveau visage politique. La Région est au centre des enjeux pour le pouvoir mettant tout en œuvre pour maintenir Fatimetou Mint Abdel Malek à un poste où elle n’a pas déméritée mais où ses concurrents, notamment le candidat de Tawassoul, maire sortant de Arafat, croit qu’une meilleure gestion est possible.

Pour départager les deux candidats les plus en vue, il est certains que les indécis dont aucun sondage ne peut apprécier le nombre auront leur mot à dire. C’est certainement ce qui justifie la bataille médiatique qui a caractérisé cette campagne électorale 2023 et dont l’essentiel se déroule sur les réseaux sociaux avec des budgets qui se chiffrent à des dizaines de millions d’ouguiyas et mobilisant des milliers de jeunes qui se trouvent bien dans leur milieu.

Mohamed Ould Brahim

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