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Renforcer le droit foncier et favoriser une gouvernance inclusive des terres en Mauritanie : un impératif essentiel

Renforcer le droit foncier et favoriser une gouvernance inclusive des terres en Mauritanie : un impératif essentielMansour Ly – Le pays dispose d’un potentiel agricole important, cependant l’utilisation des terres, qui forme la base de la production, ne répond pas de manière adéquate aux besoins de développement .Bien que le secteur agricole et l’élevage jouent un rôle important dans l’économie nationale en termes de création de richesses et d’emplois, leur contribution à la croissance globale du pays reste faible.

En 2019, le secteur agricole a enregistré une croissance annuelle moyenne faible de 2,2%, soit la moitié de celle du reste de l’économie qui s’est élevée à 4,4%.

Le secteur agricole dispose d’un potentiel inexploité estimé à 530 000 hectares, dont 135 000 hectares sont irrigables le long du bassin du fleuve Sénégal, mais seulement 34% sont utilisés. Cette zone du pays a le potentiel de devenir un véritable pôle économique capable de lutter contre la pauvreté et de nourrir toute la population, à condition que le gouvernement investisse massivement et de manière inclusive.

Il est donc crucial d’impliquer les populations locales en tant qu’acteurs clés de ce développement. Le gouvernement pourrait envisager des initiatives de retour vers la terre afin de retenir ces milliers de jeunes qui empruntent de plus en plus la dangereuse route de la migration vers le Nicaragua.

Aujourd’hui, le foncier rural mauritanien fait face à de nombreux défis. Il est urgent que le gouvernement mauritanien réponde aux enjeux climatiques, démographiques et à la nécessité de nourrir tous les Mauritaniens. Il est donc impératif de mettre en place une gouvernance foncière adéquate pour assurer une gestion transparente et équitable des terres.

Cela pourrait inclure l’élaboration et la mise en œuvre de lois foncières appropriées, la sensibilisation des communautés locales à leurs droits fonciers et la création de mécanismes de résolution des conflits fonciers.

L’ordonnance 83.127 du 5 juin 1983 portant réorganisation foncière et domaniale régit actuellement la question foncière, mais elle doit être améliorée pour renforcer la cohésion sociale et nationale.

Les tensions sociales liées à la gestion du patrimoine foncier sont de plus en plus présentes en zones rurales. Les terres agricoles, autrefois réservées à l’exploitation familiale, font souvent l’objet de spoliations et d’expropriations.

Cela attise les tensions entre les populations locales, comme nous avons pu le constater avec des conflits fonciers très violent à Ngawlé, Thicona, Feralla et Rkiz.

De plus, la mise en valeur des terres agricoles imposée aux propriétaires des terres est devenue presque impossible en raison de l’absence de main-d’œuvre, à la fois pour des raisons économiques et à cause des nouvelles utilisations des terres (exploitation pétrolière, minière, touristique et résidentielle) ainsi que l’intérêt des grandes multinationales étrangères dans l’acquisition de terres à grande échelle.

La Mauritanie doit donc relever le défi de moderniser le secteur agricole et surmonter les obstacles à son développement. Les politiques de gestion des ressources foncières n’ont pas donné les résultats escomptés, et les conflits fonciers sont de grande ampleur dans le Sahel en raison d’une mauvaise gestion des terres.

Le plus grand défi pour l’État mauritanien aujourd’hui est de mettre en place des mécanismes inclusifs de gestion foncière, en arbitrant entre les opérateurs économiques et les propriétaires fonciers pour favoriser l’investissement et l’emploi dans l’agriculture. Il est donc crucial de mettre en place une gouvernance responsable qui associe les populations locales à la gestion des terres.

Cela implique le renforcement des capacités techniques, financières et organisationnelles du secteur agricole, en particulier des communautés locales. Cela peut être réalisé grâce à des formations, des programmes d’accompagnement des acteurs locaux. Il est également nécessaire de mettre en place des instances de gestion composées d’acteurs de la société civile et de producteurs au niveau des wilayas pour garantir une plus grande transparence dans la gestion foncière.

La Mauritanie peut saisir les opportunités de coopération régionale dans le secteur agricole, en particulier avec les pays voisins du Sahel. Cela pourrait inclure la mise en place de partenariats pour l’échange de connaissances agricoles, le commerce de produits agricoles et la promotion de l’intégration régionale dans le secteur agricole.

Mansour Ly
Cabinet Delmans consulting

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